Octopus

Le prolifique guitariste portugais Rafael Toral revient avec ce quatrième album, proposant dix divagations sonores illustrant parfaitement les différentes directions prises par son travail au cours de ses sept dernières années. Car plus que de “morceaux”, “Violence…” renferme avant tout de courtes méditations. A l’aide de guitares et d’instruments analogiques, Toral parvient à infuser à sa musique un parfum océanique que l’on croyait définitivement perdu pour ce genre musical, à savoir le rock ambiant.

Ces compositions supportent d’ailleurs sans peine la comparaison avec les travaux de Robert Hampson (Main), Eno ou Fripp, tout s’en démarcant, ne serait-ce que par leur relation moins évidente à la sphère ambient. Ainsi, “Désirée” ouvre la voie tandis qu’à l’arrière-plan se joue une tragédie climatique, faite de micro-melodies emportées dans les vents chauds de drones aériens et de guitares contemplatives. Plus loin, un “Quiet Mind” apaisé propose un survol du Pacifique à l’intérieur d’une boulle d’air comprimé. Puis surgit la dépression, et l’auditeur assiste impuissant à son propre naufrage, se contemplant en train de sombrer dans les profondeurs abyssales, avant d’être ramené à la vie pour quelques minutes extatiques par des créatures inconnues émettant des sons cristalins, trésors mélodiques façonnés par de parcimonieuses notes de guitares. Et pour clore magistralement l’album, le spectre de My Bloody Valentine y transparaît dans un horizon au ciel moins chergé, les grondements de jadis étant désormais lointains. A écouter rêveusement dans l’attente de pouvoir, un jour prochain, observer le sillage des avions, tout en étant étendu sur le fond de l’océan.
F. F.